mardi 17 février 2009

FRANCO-FAUNES


Les francs-tireurs du cinéma underground en France

MERCREDI 25 FÉVRIER 2009 / 20H30 

Dans le cadre de l'exposition "IAO - Explorations psychédéliques en France" 

AUDITORIUM DU CAPC 
Musée d'art contemporain de Bordeaux 
7 rue Ferrère 33000 Bordeaux  

entrée : 3 euros avec une portion de camembert électrique et un verre offerts

Invité spécial : Jean-Pierre Bouyxou 

Érudit des Mauvais Genres littéraires et cinématographiques (on connait sa voix dans l'émission du même nom animée par François Angelier le samedi soir sur France-Culture), fin limier du cinéma populaire du B au Z en passant par le X, promoteur pionnier du cinéma underground en France via le festival Sigma de Bordeaux aux côtés de Philipe Bordier, puis instigateur d'improbables rétrospectives (Andy Mulligan récemment à la Cinémathèque Française; mais qui se souvient de la remise de la palme de caoutchouc au festival du nanard lors de Sigma 23 en 1987 ?), organisateur, toujours à Bordeaux en 1966, de la première expo des photos de Pierre Molinier dont il fut l'ami, co-fondateur de l'Internationale Patissière avec Noël Godin et entarteur notoire, collaborateur à Siné-Hebdo, cinéaste, acteur, écrivain (il a signé avec Pierre Delannoy L'aventure Hippie, aux éditions du Lézard)... Bref Jean-Pierre Bouyxou est à la fois un passeur, une figure héroïque de la contestation et un empécheur de tourner en rond. Il est notre invité très spécial, l'homme de la situation pour évoquer avec nous une période qu'il a vécue de l'intérieur et les artistes-cinéastes qui furent ses amis.  

"Éphémère et flamboyant, directement lié à la révolution psychédélique et à la génération hippie, le cinéma underground français (ou, comme on aimait dire à l'époque, cinéma "souterrain") a surgi dans l'effervescence contre-culturelle qui annonçait et préparait les chamboulements de Mai 68. Cinoche de protestation, de contestation, de provocation, de refus. Agit-Prop et poésie brute. C'était aux heures ludiques des happenings et des détournements situationnistes. Ce que nous voulions, c'était abolir la frontière entre l'art et la vie. Tous cinéastes ! Il s'agissait de faire des films en toute indépendance, en toute liberté. Sans critères esthétiques figés, sans tabous moraux, sans visées commerciales." Jean-Pierre Bouyxou, Métro (sans Goldwyn ni Mayer) pour l'underground, in Jeune, dure et pure ! Une histoire du cinéma d'avant-garde et expérimental en France (Cinémathèque Française - Mazzotta, 2001)  

Programme :  

MAIN LINE 
Michel Bulteau (1971 / 16mm / n&b / 12 min) 
Musique de Mahogany Brain, extraite de l'album Smooth Sick Lights (Pôle, 1972)  

En 1971, Michel Bulteau publie à 22 ans, avec Matthieu Messagier, Jean-Jacques Faussot, Jacques Ferry, Patrick Geoffrois, Zeno Bianu et quelques autres, le Manifeste Électrique Aux Paupières De Jupes, dernier manifeste collectif qui soit venu, avant le Manifeste froid, déranger la tranquillité du milieu littéraire. Le deuxième court métrage réalisé par le jeune poète évoque le rêve de l'aiguille de Slit, féerie publié dans Parvis à l'écho des cils (Jean-Jacques Pauvert, 1972), ces fragments écarquillés d'images-panique à l'orée du shoot : (...) Je fixe l'aiguille, et étalant mes yeux sur le verre blanchâtre. Je fais tourner ma langue comme un manège dans la seringue lumineuse. Mes veines percées éclatent lorsque l'aiguille aère leur haleine. (Le sang étire la douleur comme un néon dans le ciel glacial, et la pluie de l'aiguille embrume la fourrure du vent.) L'aiguille tirant sa langue de fée. Écarlate celui de la veine en un angle heurté... je contourne mes veines. L'aiguille de sa langue comme un gant de glace étire le réseau de la veine. L'aiguille hermaphrodite. La veine goûte l'haleine feutrée de l'aiguille, les autres veines s'endorment. Sous la langue de la veine... la veine au rêve intérieur de l'aiguille, et l'aiguille retire sa tristesse. (...)  

«Les reflets de la chair dans Main Line me font songer à des méduses qui se meuvent ensemble.» (Henri Michaux) 

«From Main Line to Asnaviram, the poet Michel Bulteau has discovered the Buddha nature of drugs.» (Allen Ginsberg)  

à lire, un article bien enlevé sur Michel Bulteau : http://www.gonzai.com/michel-bulteaunew-york-est-une-fete/  

CINÉMA CINÉMA 
Jean-Pierre Lajournade (1969 / 35mm transféré en vidéo / n&b / 14 min) 
Avec Jean-Pierre Lajournade, Fiammetta Ortega, Tobias Engel. Production : Pierre Braunberger (Films de la Pléiade)  

Les déboires d'un metteur en scène aux prises avec le conformisme du public et les exigences des révolutionnaires... Par un réalisateur disparu à 36 ans et encore étrangement méconnu, malgré deux longs métrages marquants pour le cinéma, plusieurs courts métrages dont l'un fut longtemps interdit par la Commission de Contrôle de Censure (pour "toxicité mentale"!), et plusieurs films de fiction réalisés pour la télévision française mais jamais diffusés sur antenne.  
"Jean-Pierre Lajournade reste attaché à ce courant parfois appelé "a-cinéma" qui a ouvert une brêche non négligeable dans la conception tant esthétique que financière du jeune cinéma français à la fin des années 60. Comme les œuvres des autrs représentants de cette tendance (qui n'ont jamais formé une école) : Patrick Deval, Jackie Raynal, Michel Baulez, Serge Bard, etc..., les films de Lajournade se caractérisent apr un relâchement presque total des structures narratives et par un refus systématique de cautionner une quelconque continuité dramatique. (...) Ses œuvres, à travers le bouleversement syntaxique qu'elles opèrent au niveau de la représentation cinématographique, ont permis la production d'options nouvelles, tant pratiques que théoriques, sur la forme filmique. Lajournade s'est toujours méfié de l'esthétisme, du plaisir éventuel que ses films pouvaient procurer, s'évertuant à en dénaturer les moindres prémices : ceci explique que son travail demeure encore aujourd'hui d'un abord très ardu et que peu de gens le connaissent." Raphaël Bassan, in Écran n° 55, février 1977  

A lire également : Une longue interview, publiée auparavant dans la revue Cinéthique en avril 1969, de Jean-Pierre Lajournade, qui constitue la dernière partie du livre de David Faroult et Gérard Leblanc, Mai 68 ou le cinéma en suspens, Editions Syllepse, collection Résistances, 1998.  

E-30 (1ère partie) 
Alain Montesse (1968 / 8mm transféré en vidéo / n&b / 7 min)  

Tourné au printemps 68 durant la braderie de Bordeaux, juste avant le mois de mai, une tentative d'illustrer le Summer in the City des Lovin' Spoonful qui finit en hachis sonore dans une déferlante d'images urbaines. 

http://alain.montesse.site.voila.fr/ 

CHROMO SUD 
Etienne O'Leary (1968 / 16mm transféré en vidéo / couleur / 21 minutes)  

Jean-Pierre Bouyxou dans Chromo Sud "En 1965, j'ai rencontré deux mecs qui eux aussi avaient les cheveux longs, tiraient sur des joints et faisaient des films, sans producteurs, du cinoche underground, là, à Paris… et donnaient envie de faire du cinéma underground. Je crevais d'envie de faire des films. C'était Etienne O'Leary, un Québécois, et Francis Conrad, un Américain qui est reparti tout de suite aux Etats-Unis. Etienne O'Leary est devenu un ami. Il était également copain avec Marc'O, Kalfon, Clémenti et Lebel. Les films d'Etienne O'Leary étaient projetés sur le chapiteau où était représentée la pièce Le Désir attrapé par la queue de Picasso, mise en scène par Jean-Jacques Lebel, avec la strip-teaseuse Rita Renoir, Taylor Mead, Ultra Violet et les Soft Machine. Lebel m'avait proposé d'être son assistant mais je n'ai malheureusement pas participé à l'aventure. On en voit des petits bouts dans Chromo Sud de O'Leary, un film auquel j'ai participé et qui se termine par quelques-unes des rarissimes images des barricades en couleur. Il y a très peu d'images en couleur de Mai 68." Entretien avec Jean-Pierre Bouyxou (Janvier 2001) 

http://www.chronicart.com/webmag/article.php?id=858  

LE SEXE ENRAGÉ 
Roland Lethem (Belgique / 1969 / 16mm / n&b + couleur / 21 minutes) 
Avec To Katinaki, Noel Godin, Jean-Pierre Bouyxou, Roger Clermont, Raphaël Marongiu.  

« Le bourgeois n’est pas un homme, c’est tout au plus une souris blanche » (Mao Tse Toung). 

« Lethem est, de loin, le moins conventionnel des cinéastes belges. Il conjugue magnifiquement l'abstraction et le désir, l'humour et la provocation, le fantastique et l'anarchisme. » (Jean-Pierre Bouyxou).  

Prix du “One Night Stand Award” au first Wet Dream Film Festival d’Amsterdam, 1970 Invité à la Biennale underground de Venise 1971 

Invité au Festival Underground de Londres 1971  

VISA DE CENSURE N°X 
Pierre Clémenti (1967-75 / 16mm transfére en vidéo / couleur / 43 min) 
Musique : Delired Cameleon Family  

Un des fleurons du cinéma psychédélique français, véritable déluge de sons, d'images et de couleurs.

"Rencontre de l'image et des pulsions psychédéliques de cette époque acidulée... Désir de retrouver le chant des origines, images qui s'inscrivent jusqu'à nous comme un double et qui nous font signe. A tâtons, à tatoum... dans la chambre noire aux idées multinationales, je frémis et je balbutie. Cinéma du dedans et du dehors, du derrière et du dedans... Face au miroir magique aux multiples visions, je retrouve le fil de ma mémoire et entrouve en un instant l'album de famille, de naissance et de mort. Devant ce déferlement d'impressions multicolores, dessins animés, réanimés par la passion et l'amour de l'Homme à la valise en carton, j'agitais mes énormes ciseaux et taillais et retaillais tel un sculpteur inspiré devant sa première œuvre. Cascades d'images emergées du creuset de l'âge l'instant où tout chavire, salle de montage de bateau ivre... Nouveaux signes inscrits à même la chair de la pellicule. La jeunesse de ce film (1967) fut les émotions, les événements, les réfléxions, le déroulement du temps... pour le montage, une sélection de scènes sur plusieurs années, comme le vieux vin, fragmenté de nouvelles inventions, de découvertes, de rythmes nouveaux donna à ce premier film toute l'innocence et la joie de redécouvrir intact le mystère du cinématographe." Pierre Clémenti Nice, 4 avril 1999 (in Jeune, dure et pure ! Une histoire du cinéma d'avant-garde et expérimental en France, Cinémathèque Française - Mazzotta, 2001)  

Remerciements : cette séance est rendue possible grâce à la contribution appréciée de Light Cone, Les Films de la Pléiade, Alain Montesse, Balthazar Clémenti, Denis O'Leary, PBCpictures.  

jeudi 12 février 2009

Complétement à coté de la fnac

Intervention de l'OPERATION KANGOUROU numéro un


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(((Cliquez Ici pour écouter La Création)))

(((Cliquez Ici pour écouter Acheomgreüm)))



On suppose que Claude Trénet (le frère de l'autre) ne forme qu'un avec l'entité REIK TUP dont il signe les deux morceaux et la contre étiquette du disque.

Pour ce que nous avons pu en glaner, entre autre au regretté bar-café "au rêve" (89, Rue Caulaincourt Paris 18), ce "chanteur famélique de Neauphle-le-Chateau courant le cachet" selon Marino Zemac qui fait allusion à lui dans un des chapitres d'"une vie sans importance", a enregistré un nombre incalculable de disques, le plus souvent des versions de chansons de son frère avec qui il partage incontestablement le timbre de voix (il suffit pour s'en convaincre d'écouter le morceau "la création" à 3 minutes 24 secondes).
Il est en autre le pionnier des cartes postales musicales en france.

Pour cette génération pétrie de surréalisme et de lettrisme, le psychédélisme était là "comme chez lui", Claude Trenet ne fais pas exception (cf le morceau "la création" à 4 minutes 42 secondes) et signe curieusement un vinyle 33t 17cm proche des travaux d'acrium delirium au point d'en sidérer les intéressés lorsque nous leur avons fait découvrir en novembre 2008 dans le cadre d'IAO.

Il est à noter que le label Briand etait situé à Montmatre et de ce fait produisait des artistes de la butte, on lui doit entre autre un 45t de Michou, l'album "power" de Janko Nilovic et un 33t de clavier expérimental de Claude Trenet sous son propre nom... A croire que dans la famille, le véritable fou chantant n'était pas celui que l'on croyait!


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OPERATION KANGOUROU
Emission radiophonique, cabinet de curiosité et vinyles hors d'age.
Le jeudi à 14 h
FPP106.3fm à Paris et http://www.rfpp.net
pour les autres
rediffusion le lundi 10h du matin
écoute et téléchargement sur http://kangourou.populus.ch

http://www.myspace.com/radiokangourou

lundi 2 février 2009

Psychedelia Britannica

Satellite I∆O #5  
PSYCHEDELIA BRITANNICA 
Pépites du cinéma psychédélique Britannique, 1963-1974  

VENDREDI 6 FÉVRIER 2009 / 20H30 
NEF DU CAPC 
Entrée : 3 euros 

Programmateur invité : Christophe Dupin (Londres) 

Christophe Dupin est chercheur rattaché à la faculté d'histoire de Queen Mary, University of London. Depuis plusieurs années ses travaux de recherche portent essentiellement sur l'histoire du British Film Institute, une des plus anciennes organisations publiques relatives au cinéma au monde. Il est le co-auteur d'un livre sur le sujet, à paraitre prochainement. Ses recherches l'ont aussi amené à s'intéresser au documentaire anglais et notamment au mouvement du Free Cinema (dont il a produit un coffret DVD pour le BFI en 2006), ainsi qu'au cinéma d'avant-garde britannique. Il enseigne aussi l'histoire du cinéma français.  

Site web : http://www.history.qmul.ac.uk/staff/dupinc.html  

Programme  

TOWERS OPEN FIRE 
Antony Balch (1963 / 16mm / n&b / vostf / 9 min 30)  

SPEAK 
John Latham (1962 / 16mm / couleur / 11min)  

SAN FRANCISCO 
Anthony Stern (1968 / 16mm / couleur / 15 min) Musique de Pink Floyd  

BEYOND IMAGE 
Mark Boyle & The Sensual Laboratory (1968 / 16mm / couleur / 17 min) 
Musique de Soft Machine  

HEAD RAG HOP 
Peter Turner (1968 / 16mm / couleur / 2 min)  

MEATDAZE 
Jeff Keen (1968 / 16mm / couleur / 10 min)  

SIZE M
Tony Sinden (1969 / 16mm / couleur / 12 min)  

SOLAR FLARES BURN FOR YOU 
Arthur Johns (1973 / 16mm / couleur / 9 min)  

NOTHING IS SOMETHING 
Anne Rees-Mogg (1966 / 16mm / couleur / 10 min)  

MAJA REPLICATE 
Fred Drummond (1969 / double projection 16mm / 15 min)

HAND GRENADE 
Gill Eatherley (1971 / triple projection 16mm / 8 min)  

THRESHOLD 
Malcolm Le Grice (1972 / triple projection / vidéo / 16 min)

HORIZON 
Lutz Becker (1966-68 / vidéo / couleur / 5 min)

ENTERING 
Peter Donebauer (1974 / vidéo / couleur / 8 min)  

Merci a Aymeric Leroy et David Curtis pour leur aide précieuse.
Programme réalisé avec le concours de Light Cone (Paris), LUX (Londres), Malcolm Le Grice, Lutz Becker, Peter Donebauer, The Wylie Agency / Luke Ingram (Londres). 

Coordination : Bertrand Grimault / association Monoquini  

Programme (très) détaillé : http://monoquini.over-blog.com/ 

mercredi 21 janvier 2009

Psychédélisme & minismalisme


Satellite I∆O #2
Pyschédélisme & minimalisme
Eliane Radigue / Paul Sharits
CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux
24.01.2009 / 17h-23h


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Dans le cadre de l'exposition I∆O. Explorations psychédéliques en France, 1968 - ∞ (28 novembre 2008-8 mars 2009), le CAPC présente une soirée satellite "Psychédélisme & minimalisme"
Musique : Eliane Radigue, "Naldjorlak" (création mondiale) – avec Charles Curtis (violoncelle), Carol Robinson & Bruno Martinez (cors de basset), en présence d'Eliane Radigue. Films : Paul Sharits : "Apparent Motion" (1975), "Analytical Studies I-IV" (1974-76), "Declarative Mode" (1977)

Samedi 24 janvier 2009, 17h-23h
CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux
5 euros / TR 2.50 euros
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La coïncidence est trop belle pour la passer sous silence : Eliane Radigue, « sculptrice sonore française » pour reprendre les mots de Daniel Caux, offre en création mondiale sous la nef du CAPC, "Naldjorlak", pièce acoustique aux résonances tibétaines, le jour même de son anniversaire.
Après plus de 30 ans de musique électronique « infiniment discrète » (Michel Chion), la trop rare compositrice bouddhiste, ancienne élève et assistante de Pierre Schaeffer puis de Pierre Henry, proche des minimalistes américains (son chemin croise celui de Terry Riley, David Tudor, Phill Niblock…) a abandonné son instrument de prédilection, le synthétiseur modulaire ARP 2500, pour se consacrer à la composition acoustique exclusivement depuis 2004.
Monumental par sa durée (2h30) et délicat par son traitement acoustique de sons continus, pulsés, bruissés, "Naldjorlak" est pensé comme une trilogie où harmoniques, subharmoniques et partielles se répondent avec une incroyable subtilité. La pièce est portée par trois musiciens virtuoses, interprètes privilégiés des répertoires de La Monte Young, Giacinto Scelsi, Morton Feldman : le compositeur et improvisateur Charles Curtis au violoncelle, la compositrice et improvisatrice Carol Robinson ainsi que Bruno Martinez, soliste de l'orchestre de l'Opéra de Paris, aux cors de basset.
Suspension du temps, dialogue avec l'éternité, voisinage avec le silence, appel à la contemplation, concentration exceptionnelle : ce qui qualifie la musique d'Eliane Radigue depuis 1970 est plus que jamais d'actualité. Mais "Naldjorlak" emmène encore plus loin la compositrice dans son voyage musical, puisque avec ses trois interprètes, la musicienne admet avoir trouvé le meilleur moyen d'approcher plus encore la « musique impalpable et irréelle » qu'elle appelle de ses rêves. (Maxime Guitton)


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Artiste américain apparenté à Fluxus, Paul Sharits (1943-1993) s'est imposé comme un des cinéastes expérimentaux les plus singuliers de sa génération, multipliant les modes de présentation de ses travaux, sous forme de dessins-partitions, tableaux de pellicules (Frozen Film Frames), projections multiples et installations.
Son cinéma échappe au mode conventionnel de représentation et de narration, pour interroger les éléments constitutifs de la projection et la matérialité du support filmique. Le film même comme objet est le vecteur d'une expérience élargie, où le photogramme, le défilement du ruban filmique, le grain de l'image, les perforations, les rayures... sont les composants d'une ontologie cinématographique.
Paul Sharits a appréhendé en particulier la dimension plastique et affective de la couleur, par le biais de l'intermittence lumineuse et des résonances chromatiques, selon un développement temporel inspiré par l'écriture musicale. Ses films - silencieux - sont des "récits de couleur" dont les modulations produisent une musique visuelle.
Les œuvres des années 70 projetées au CAPC offrent un contrepoint à la composition d'Eliane Radigue, proposant une expérience d'immersion où les films se déploient à la fois dans l'espace physique et sur l'écran mental de notre pure perception.

Films présentés : "Apparent Motion" (1975 / 16mm / couleur / 28 minutes)"Analytical Studies I-IV" (1974-76 / projection pour 4 projecteurs 16mm / couleur / 30 minutes)"Declarative Mode" (1977 / projection pour 2 projecteurs 16mm / couleur / 39 minutes)

Avec le concours de Light Cone (Paris) et The Film-Makers Coop (New York).

Programmation / projections : Bertrand Grimault / association Monoquini

Nous sommes redevables au travail mené depuis de nombreuses années par Yann Beauvais sur l'œuvre de Paul Sharits. Il contribue à la monographie complète consacrée au cinéaste, récemment publiée par Les Presses du Réel.

dimanche 11 janvier 2009

Les Films Zanzibar


Satellite IAO #1
Films Zanzibar :  Philippe Garrel / Jacques Baratier, Patrick Deval

Les événements de Mai 1968 ont coïncidé en France, par leur brièveté, leur urgence et leur virulence, avec la réalisation d'une dizaine de longs et moyens métrages financés par l'héritière Sylvina Boissonnas et qui furent rétrospectivement réunis sous la bannière des "films Zanzibar". Il s'agit d'abord d'une communauté d'amis, jeunes artistes, musiciens, cinéastes, qui trouve l'opportunité de réaliser en totale liberté des films avec les moyens appropriés et les conditions professionnelles du cinéma, en dehors de toute contingence commerciale. Les films Zanzibar offrent un précipité des aspirations de l'époque de rompre avec les modèles préexistants, en faisant table rase des notions admises d'auteur, de récit, de mise en scène, d'interprétation, de durée, de fiction même, au profit de l'improvisation, de la sobriété stylistique et de l'impact du propos sur la conscience du spectateur.
Peu vus à leur époque et longtemps restés invisibles, trois de ces films rares nous sont redonnés à voir dans le cadre de la programmation cinéma de IAO, en présence de Sally Shafto, historienne du cinéma dont le travail a éminemment contribué à leur redécouverte, Zouzou, égérie des années soixante et actrice notamment pour Philippe Garrel, et Patrick Deval, cinéaste.

"Les films Zanzibar ont été pour moi l'une des plus grandes découvertes du cinéma français. (...) Ils forment un lien passionnant entre la nouvelle vague et l'avant-garde, le film poème et le film narratif. Ces films n'ont rien perdu avec le temps, bien au contraire. Ils ont gagné en intensité dans leur vision personnelle, poétique et cinématographique." (Jonas Mekas)

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Mercredi 14 janvier 2009 / 19H
Salon du CAPC
Entrée libre
Rencontre / signature avec Sally Shafto ( "Les films Zanzibar et les Dandys de Mai 1968" -Editions Paris Expérimental, 2007 ) et Zouzou ("Jusqu'à l'aube", autobiographie - Flammarion, 2003)
Avec le concours de la librairie La mauvaise réputation.
Collation proposée par La Politique.

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Mercredi 14 janvier 2009 / 20H30
Auditorium
Entrée : 3 €

LA CONCENTRATION de Philippe Garrel (1968 / 35mm / couleur / 1H34) 
avec Jean-Pierre Léaud et Zouzou. 
Tourné en août 1968 durant 72 heures d’affilée dans un décor unique en studio, monté en une semaine, "La concentration" s'apparente à un happening sous influence lysergique. Un homme et une femme tentent de cohabiter dans un espace épuré et symbolique, à la fois chambre de torture et machine-cinéma, projection des angoisses d'un jeune cinéaste alors âgé de 20 ans.

Séance présentée par Sally Shafto, en présence de Zouzou et Patrick Deval.

Remerciements : Philippe Garrel, Claudine, Kaufmann, La Cinémathèque Française, Ciné Sono Service.
Programmation : Bertrand Grimault / association Monoquini
+ d'infos sur la programmation : www.monoquini.over-blog.com

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Jeudi 15 janvier 2009 / 20H30
Auditorium
Entrée : 3 €

PIÈGE OU LA PEUR D'ÊTRE VOLÉ de Jacques Baratier (1968 / 16mm / n&b / 48 minutes) 
avec Bulle Ogier, Bernadette Lafont, Jean-Baptiste Thierrée, Arrabal.
Un véritable film performance où Bulle Ogier et Bernadette Laffont, totalement dévergondées, se livrent à un débordement de destruction nocturne dans une maison entre hallucination et cauchemar, dans un grand fracas acousmatique signé François Tusques.

Suivi de 
ACÉPHALE de Patrick Deval (1968 / 35mm / n&b / 56 minutes) 
avec Laurent Condominas, Jacky Raynal, Michael Chapman, Patrick Deval, Jacques Baratier...
Acéphale est cette "tête chercheuse", jeune homme citant Georges Bataille, dans un film d'exil et d'errance de l'immédiat après Mai 68, en quête d'utopie et de renaissance, entre satori et folie.

Séance présentée par Sally Shafto, en présence de Zouzou et Patrick Deval.

Remerciements : Films Argos, Patrick Deval, Jackie Raynal, l'Alliance Française à New York, Ciné Sono Service.

Programmation : Bertrand Grimault / association Monoquini


((( (( (∞ ) )) ))) Psychedel-yah Fest


((( (( (∞ ) )) ))) Psychedel-yah Fest 
CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux 
28, 29, 30.11.2008  

Les 28, 29 et 30 novembre 2008, s’est ouvert au CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux le projet I∆O. Un festival de trois jours intitulé ((( (( (∞ ) )) ))) Psychedel-yah Fest s’est tenu dans l’installation réalisée par l’artiste Lili Reynaud Dewar à l’échelle de la nef du musée. Deux immenses yeux-mandalas inspirés de la mythologie du groupe Gong, un ensemble de trois scènes triangulaires recouvertes de miroirs, une série d’affiches noires sérigraphiées (que les spectateurs pouvaient emporter) constituaient le théâtre d’une série d’opérations sans véritable programme annoncé. Se reflétant les unes dans les autres, les scènes, effaçant, fragmentant l’espace et le déconstruisant, plaçaient spectateur dans une position ambiguë, se voyant en train de regarder, justement, les scènes sur lesquelles se sont succédées sans commentaire une vingtaine de formations musicales mêlant figures historiques et plus jeunes acteurs, formations et reformations exceptionnelles, une série de performances rares, accompagnées de projections et de light-shows d’hier et d’aujourd’hui. Y répondaient silencieusement, aux marges et à l’intérieur de l’espace, une série d’archives, d’objets et d’œuvres qui, comme observant la scène, devenaient comme la partition des événements qui s’y déroulaient. L’espace, aujourd’hui délaissé, s’offre, vidé de la foule qui y séjourna durant ces trois jours, et peuplé d’une série d’indices presque muets, fantomatiques, trônant au cœur de ce dispositif monumental. Comme en attente durant trois mois de la série d’événements satellites qui viendront habiter la nef et la révéler différemment, I∆O propose d’éprouver un rapport différent au temps à l’espace du musée, une tentative expérimentale d’exposition de l’expérience, nécessairement inachevée, ouverte, posant la question de l’événement, aujourd’hui. Entrant dans le nef du CAPC, le visiteur évolue au milieu de ce paysage d’images silencieuses, à disposition, que symbolise les affiches au sol : se référant tout autant au mode de communication spécifique des groupes qu’au rapport intime du « fan » à ses héros, elles suggèrent que quelque chose a déjà eu lieu, ou aura lieu à nouveau. Nous nous situons dans ce temps indéterminé.  

Review en ligne prochainement.  

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Programme  

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28.11.2008, 18:00-01:00
Concerts: Turzi (Fr) + Tim Blake (GB), Principles Of Geometry (Fr), Pilooski (Fr), Psychic Ills (USA), Endless Boogie (USA), Expo '70 (USA), Feedback 66 (Fr). Films: Serge Bard, Robert Frerck, Jeffrey Scher, John Smith, James Whitney. Projections: Monoquini.  

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29.11.2008, 17:00-03:00 
Concerts: Spectrum - Sonic Boom (UK), The Telescopes (UK), D*I*R*T*Y Sound System (Fr), The Skaters (USA), Stellar OM Source (NL), Arp (USA), Heatsick (Ger), Sylvester Anfang II (Be), Black Liquid Death (Fr). Performances: New Crium Delirium Coyote Circus (Fr). Film: Ron Rice…  

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30.11.2008, 16:00-23:00 
Concerts: Ame Son (Fr), Reines d'Angleterre (Ghédalia Tazartès + él-g + jo) (Fr), Gavin Russom (Ger), Steve Gunn (USA), Ben Russell + Joe Grimm (USA), The Family Elan (UK), Ruralfaune Collective (Fr).  Films : Maurice Lemaître + carte blanche à Ben Russell…  

Light shows : Doris Rutzel (Gong, Steve Hillage), François Decourbe (Open Light, Gong), Robert Chouraqui (Androïde Light Show), Erik Patrix (Crium Delirium), Patrice Warrener (Open Light).  

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Une proposition CAPC & Corner. Concerts : ali_fib, projections : Monoquini. En partenariat avec Novart.  

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Prochain événement satellite  
14.01.2009, 20:30 
Films Zanzibar I  : Philippe Garrel, La Concentration (1968 / 35mm / 1h34) 
3 euros  

15.01.2009, 20:30 
Films Zanzibar II : Jacques Baratier, Piège ou la peur d'être volé (1968 / 16mm / 48') ; Patrick Deval, Acéphale (1968 / 35mm / 56') 
3  euros  

Séances présentées par Sally Shafto, en présence de Zouzou et de Patrick Deval.  

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IAO. Explorations psychédéliques en France, 1968-∞ 
CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, du 28 novembre au 8 mars 2009.  

CAPC musée d'art contemporain 
Entrepôt Lainé. 7 rue Ferrère. 
F-33000 Bordeaux 
T. : +33 (0)5 56 00 81 50 
capc@mairie-bordeaux.fr 
www.bordeaux.fr/ville/capc www.rosab.net